Pensées éparses

Trekking


Même si on peut en douter les premiers jours quand, aux prises avec les douleurs physiques et le manque de confort, on oscille entre joie intense et abattement soudain, se déplacer à pied, muni seulement du strict minimum, est une véritable libération.

Quand on passe finalement « de l'autre côté », se lever avec le soleil, marcher toute la journée et dormir à la belle étoile deviennent les choses les plus naturelles au monde. Le corps régénéré et l'esprit libéré, on ressent alors, au rythme de ses pas, l'authentique ivresse d'être en vie.



Défense de l'environnement ?


Pourquoi les gens et les pouvoirs publics veulent-ils donc protéger l'environnement ?

Raison officielle : pour laisser une planète saine à nos descendants.

Je ne suis pas convaincu.


Premièrement, si le bien-être de nos descendants leur importait réellement, ils feraient peut-être plus d'efforts pour limiter la prolifération nucléaire, pour financer la recherche contre le cancer et pour déverser des tombereaux d'euros dans l'éducation. Or ils ne le font pas.

Ensuite, si catastrophe climatique réelle — de nature à menacer l'existence même de la planète ou du genre humain — il devait y avoir, elle n'arriverait pas avant trois voire quatre générations. Avez-vous connu votre arrière grand-père ? A plus forte raison votre arrière-arrière grand-père ? Même si ça ne se fait pas de le dire, nous ne sommes pas plus attachés affectivement à ces générations futures qu'à nos tri- ou quadrisaïeux dont nous nous fichons royalement.

Enfin, quand on annonce qu'un tremblement de terre a fait 300 000 morts au Pakistan ou à Haïti, tout le monde dit « quel dommage ! », certains donnent un peu d'argent pour aider, mais personne n'en perd ni l'appétit ni une minute de sommeil et aucune chaîne de télé ne déprogramme par décence le de Funès prévu pour la soirée. En clair, tout le monde s'en fiche et on ne s'apitoie qu'en surface et par seul conformisme. Et pourtant ces gens affectés — comme ceux du Darfour qui meurent en direct à 20h — sont nos contemporains. Je ne vois pas pourquoi nous serions naturellement plus concernés par des gens qui ne vivront que dans 150 à 200 ans.

Alors ? Si l'affectif familial est évincé, que reste-t-il ? L'appartenance au genre humain ? La nécessité de préserver l'Homme ? À voir.

Préserver le genre humain présuppose qu'il le mérite ; affirmation très égocentrique et qui reste à prouver. L'univers est né sans l'Homme ; il mourra sans l'Homme. L'Homme ne lui est absolument pas nécessaire — il lui serait même plutôt nuisible — et, s'il devait disparaître, l'univers et les possibles autres intelligences qui l'habitent ne s'en rendraient même pas compte. En clair, l'Homme n'est important que pour lui-même et il est quelque peu grotesque d'affirmer que l'univers subirait une perte irréparable s'il venait à disparaître.

S'il est très tendance de vouloir protéger la planète et le genre humain je ne vois pas vraiment de raison objective de le faire si ce n'est que « ce serait dommage que nous disparaissions parce que nous ne serions plus là » ; raison plutôt spécieuse et qui se mord quelque peu la queue.

Certes il s'agit ici d'une réaction d'instinct de conservation de l'espèce, mais si nous sommes assez stupides pour nous auto-détruire c'est que nous ne méritions pas de perdurer.

Je précise pour finir que je ne suis pas contre la protection de l'environnement et que je suis prêt à faire tous les efforts qu'on me demande. Mais si ces efforts s'avèrent vains ou que mes cinq ampoules à fluorescence ne parviennent pas à contrebalancer les émissions de la Chine, de l'Inde et des USA, je n'en perdrai pas le sommeil.

Quant à interdire les OGM et les voitures en centre-ville, je suis entièrement d'accord mais je ne suis pas sûr que cela relève de l'écologie, tout au plus de la protection du cadre de vie au même titre que le désamiantage. Les discours du genre « sauvons la planète, réservons trois mètres carrés pour parquer les vélos » me font toujours sourire.

Et le fait que les banques d'ici (Thaïlande) fassent payer 10 centimes d'euro le ticket du distributeur sous ce même prétexte de sauver la planète me hérisse passablement.

— Bangkok, 9 mars 2010


Liberté, liberté chérie...


Quand la liberté est hors-la-loi, seuls les hors-la-loi sont libres.